La Stimulation électrique trans-cutanée (TENS)

Le TENS un moyen efficace pour lutter contre certaines douleurs rebelles

La stimulation électrique transcutanée (TENS) consiste à appliquer des impulsions de bas voltage au niveau du système nerveux périphérique par l’intermédiaire d’électrodes placées sur la peau dans le but de moduler la douleur.

Le TENS produit des impulsions biphasiques. La fréquence varie de 1 à 200 Hz. Le tens est une forme moderne de courant qui travaille efficacement sur la douleur. Le mécanisme dépendra de la fréquence utilisée et le TENS dispose de deux modalités d’antalgie :

1. Les faibles fréquences (de < 8 Hz) stimulent la sécrétion de béta-endorphines et d’enképhalines par activation du système endorphinique. Le système endorphinique, abouti à une antalgie généralisée mais retardée.

2. Les fréquences supérieures à 100 Hz (à partir de 80 Hz pour certains auteurs) stimulent la sécrétion de sérotonine et activent le « gate control ». La sérotonine et le gate control conduisent à une antalgie très rapide mais locale et fugace.

Propriétés

Le TENS est donc basé sur la théorie de l’électrostimulation sensitive par un courant biphasique symétrique compensé. Il existe trois grandes modalités d’application.

  • par inhibition sensitive segmentaire pour les douleurs aiguës et localisées
  • par libération d’endorphines pour les douleurs chroniques ou diffuses
  • par hyperstimulation nociceptives

Antalgie par inhibition sensitive segmentaire

Utilisation du TENS comme traitement d’une dorsalgie

Le principe de ce courant repose sur la théorie du gate control. La stimulation des fibres de gros calibre inhibe, au niveau de la corne postérieure de la moelle épinière, la transmission des messages nociceptifs véhiculés par les fibres de petit calibre A d et C. En conséquence, les impulsions doivent être de durée brève (< 1 msec), l’intensité confortable, ne provoquant au patient que des fourmillements (seuil de la sensibilité tactile) et de fréquence comprise entre 80 et 150 Hz. Les impulsions sont bidirectionnelles à front raide afin de permettre une stimulation efficace d’au-moins 30 min sans risque de brûlure.

Antalgie par libération d’endorphines

Les endorphines et enképhalines sont des morphines endogènes, protéines élaborées par le cerveau et présentes dans diverses structures du système nerveux central. Les morphines endogènes sont les neuromédiateurs naturels de l’analgésie. Elles peuvent se fixer sur les récepteurs cellulaires morphiniques de certaines structures cérébrales (thalamus, système limbique, tissu réticulé) en produisant une action sédative de la douleur comparable à celle de la morphine.

L’électrostimulation peut provoquer la libération de substances morphinomimétiques endogènes. L’analgésie ainsi obtenue est abolie par la naloxone, antagoniste de la morphine. Les courants de très basse fréquence (4 Hz), appliqués par de grandes électrodes placées sur le rachis avec une intensité élevée produisant une secousse musculaire rythmée et une sensation désagréable à la limite de la douleur pendant 30 min, provoquent une augmentation significative de 22 % du taux d’endorphine par rapport au taux basal. Cette augmentation se prolonge pendant 30 min après l’arrêt du traitement.

Antalgie par hyperstimulation nociceptive

Les stimulations nociceptives activent les contrôles inhibiteurs diffus nociceptifs. Une stimulation nociceptive hétérotypique peut induire l’inhibition des neurones convergents de la moelle, relais des voies nociceptives. Cette inhibition implique la mise en jeu de structures du tronc cérébral, en particulier le noyau du raphé magnus. Ici, la fréquence est de 100 à 150 Hz, l’intensité élevée au maximum supportable par le patient et la séance ne dure que quelques minutes selon la tolérance du patient. Les électrodes sont placées à distance du site de la douleur, en évitant les corps charnus musculaires afin d’éviter des contractions tétanisantes.

Modalités pratiques

Si on utilise des fréquences faibles, la largeur de l’impulsion sera de 50 à 100 micro-sec, si on utilise des fréquences élevées (> 100 Hz) la largeur de l’impulsion augmentera également, 150 à 200 micro-sec. Il existe trois modes d’utilisation :

en continu, mais il y a accoutumance donc à éviter

en modulé, préférable car moins de problèmes d’accoutumance

en burst, c’est un train d’impulsion de fréquences variables mais prédéfini. Il est bien toléré, peu d’accoutumance mais pas toujours le choix des fréquences.

Placement des électrodes

TENS conventionnel, les électrodes sont placées de part et d’autre de la lésion, une fréquence de 100 Hz, une largeur d’impulsion de 100 micro-sec, l’intensité sera modérée (le patient doit ressentir des picotements) et la durée sera d’au moins 30 minutes. On obtient ainsi une analgésie rapide, locale mais fugace. On l’utilisera dans le cas de douleur aiguë et localisée.

TENStrigger ou point gâchette, les électrodes seront placées sur les points gâchettes (voir cartographie), une fréquence de 150 Hz, une largeur d’impulsion de 200 micro-sec, intensité élevée (à la limite du supportable) et la durée de 15 à 20 minutes. On obtient ainsi une analgésie locale, rapide mais fugace.

TENS acupuncture, les électrodes sont placées sur les points d’acupunctures (voir cartographie), une fréquence de 4 à 6 Hz, une largeur d’impulsion de 150 micro-sec, intensité élevée et une durée de 45 minutes. Ici, on obtient une analgésie plus lente mais plus durable, pas toujours bien supporté.

TENS vertébral, les électrodes sont placées de part et d’autres de la colonne vertébral à l’étage correspondant au secteur douloureux (ex: colonne lombaire si douleur membre inférieur) ou une grande électrode (indifférente, pôle positif) sur l’émergence vertébrale du nerf responsable du territoire douloureux et une petite (active, la négative) sur le trajet du nerf concerné. Ces montages seront utilisés pour des douleurs plus généralisées et plus chroniques. Au début du traitement on associera des faibles et de fortes fréquences, après quelques jours on utilisera que des faibles fréquences. La durée est d’au moins 30 minutes par fréquences choisies, on utilisera le mode burst et modulé avec une intensité moyenne.

Des traitements quotidiens et plusieurs fois par jours (dans les gros cas chroniques, utilisation de tens portable afin que le patient puisse l’utiliser plusieurs heures par jour) sont nécessaires. Si pas d’amélioration dans les 5 premiers jours, il faut arrêter.

Indication

  • douleurs de déafférentations
  • douleurs de membres fantôme
  • céphalées névralgies zona traumatologie sportive rhumatologie

Contre-indication

  • utérus gravide et femme enceinte pour une technique endorphinique épilepsie (également pour une utilisation endorphinique)
  • affections psychiatriques
  • pacemaker
Mode Mécanisme Largeur d’impulsion Fréquence Intensité Territoire Durée Effet antalgique
« Gate Control » Priorisation de la voie rapide 0.3ms à 1 ms 50-100Hz Fourmillement mais sensation jamais désagréable Homotopique

(loco dolenti)

30 à 120 min

 

Topographie localisée – effet immédiat- post effet absent
Endorphinique Sécrétion d’endorphines 0.5 ms à 1 ms 1 à 5Hz ou burst Contractions musculaires (limite de la douleur) Hétérotopique (à distance) électrodes de 50 à 100 cm² 40 min Topographie diffuse – effet retardé – post effet présent
Contrôle diffus de la nociception Réticulée 1ms 100Hz Elevée – sensation douloureuse Hétérotopique 10 min Topographie diffuse – effet immédiat – durée brève